La brièveté de la vie n’emporte que rarement
la capacité qu’a l’écho d’un écrit à se propager sur l’onde du temps,
jusqu’à nous. Mort jeune, Etienne de la Boétie nous a donc laissé une œuvre de
grande qualité, et la plainte qu’en a laissé son ami Montaigne a su grandir son
nom.
Né quelques temps après la Paix des Dames, en
1530, à Sarlat dans le Périgord, sa jeunesse nous est méconnue, mais tout porte
à croire qu’elle fut formée par de sévères études, dignes de leur époque de
ferveur, une ère d’érudition autant que de goût.
Mais les malheurs de l’époque ont également
fécondé son génie : avec les impôts croissant sous François Ier,
en particulier la gabelle (impôt sur le sel), le Bordelais se révolte, et la
Boétie rédige le Discours de la servitude
volontaire (1549). Il n’a que dix-huit ans.
Mais inverse à l’événement, et à rebours vers
une éducation sans failles, ses poèmes, français ou latins, marchent comme à
leur habitude, à côté des choses qui passent. La beauté est pourtant
caractéristique de leur temps :
L’automne
abbat moins de feuilles aux plaines
Moins
en refait le plaisant renouveau,
Que tu
desfais et fais d’amours soudaines.
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